Interview du gynécologue andrologue Docteur Sylvain Mimoun
Amielle : Quels sont les profils de patientes concernées par le vaginisme ?
Dr. Sylvain Mimoun : Ce sont des patientes qui font comme si elles se réveillaient tard à la sexualité ou comme si elles avaient mis la sexualité de côté dans leur vie. Et quand elles arrivent en âge d’être en couple ou qu’elles décident ou qu’elles sont prêtes à avoir un enfant elles sont confrontées au vaginisme. Cela dépend des cultures et de l’éducation. Il y a des femmes qui peuvent penser à avoir un enfant que si elles sont mariées. Donc dès qu’elles sont mariées elles sont inquiètes que deux mois après ou trois mois après parce qu’elles ne sont toujours pas enceintes. Ou bien ce sont des profils de patientes nord africaines qui par éducation sont dans ces traditions-là ou bien ce sont des patientes qui ne sont pas dans ces traditions-là, qui sont avec quelqu’un et une fois qu’elles essaient d’avoir le rapport, elles se rendent compte que le rapport ne peut pas avoir lieu ou qu’elles ont très mal. Donc elles refusent que leur partenaire aille dans cette zone-là. Tout ce qui est quasiment en dessous de la ceinture est interdit dans leur inconscient. Ce qui est derrière tout cela c’est la peur.
Amielle : Quels sont les traitements et les solutions pour vaincre le vaginisme ?
Dr. Sylvain Mimoun : Les solutions sont en général sexothérapiques c’est-à-dire que c’est une prise en charge de la thérapie sexuelle qui va aider la femme à prendre conscience de cette zone, de façon à ce que progressivement elle apprivoise sa peur et que la pénétration puisse progressivement se faire avec une intromission de taille croissante si je peux m’exprimer ainsi. Au départ on peut essayer de lui montrer comment elle-même elle peut essayer avec un doigt voire avec deux doigts etc… et que les choses vont petit à petit se faire. Il faut passer à travers l’orifice de l’hymen et c’est ça qui leur fait peur et qui leur fait mal. Alors elles peuvent avoir peur parce qu’elles ont peur de rompre l’hymen puisque c’est ça qui fait la preuve de la virginité. Ce sont plutôt des patientes nord-africaines concernées. Pour les autres profils de patientes c’est tout simplement parce qu’il y a des filets nerveux tout autour de cet orifice hyménéal et que du coup elles ont mal, ou que dès qu’elles ont mal elles ont très peur de saigner ou parfois elles se racontent des horreurs par rapport à tout ce qui peut leur arriver.
Amielle : Peut-on guérir de cette pathologie ?
Dr. Sylvain Mimoun : Si on y va au rythme de la patiente oui. Le vaginisme se traite presque toujours. Le presque étant quelle énergie cette femme-là est prête à mettre pour pouvoir résoudre le problème. Ce n’est pas le médecin qui va guérir tel ou tel vaginisme, ce n’est pas tel ou tel médicament ou telle ou telle opération qui va guérir le vaginisme mais c’est de faire en sorte que cette femme-là passe d’un état à un autre tout en étant tranquillisée à l’intérieur d’elle-même.
Amielle : Quelle durée de traitement estimez-vous si elle a l’énergie ou la force nécessaire ?
Dr. Sylvain Mimoun : A partir du moment où elle prend conscience du vaginisme et de son envie de résoudre le problème, plus tôt elle agira mieux ça ira. Il vaut mieux compter cela en semaines qu’en mois. Si on commence à compter en mois cela peut se compter en années très vite parce qu’en cours de route elle va vite abandonner. Et une fois qu’elle abandonne les mois courent sans que cela résolve le problème. Ce n’est pas une question de temps seulement mais surtout une question d’énergie à vouloir sortir de la situation dans laquelle elle est.
Amielle : Pourquoi est-il important d’en parler avec son médecin ?
Dr. Sylvain Mimoun : C’est important d’en parler avec son médecin pour que le médecin puisse la guider soit parce qu’il sait lui-même prendre en charge ce genre de problème soit qu’il l’adresse à quelqu’un, gynécologue ou non qui connaît bien le problème. Il y a des médecins qui connaissent cela, qui peuvent le faire eux-mêmes ou se faire aider soit par des kinésithérapeutes soit par des sages-femmes. Mais il faut que ce soit quelqu’un qui ait l’habitude de gérer ce genre de difficultés là, c’est-à-dire d’avancer au rythme propre de la patiente. Il y a une méthode mais ce n’est pas première leçon deuxième leçon mais c’est comment petit à petit cette attitude-là va aider cette femme à se sentir le plus à l’aise possible avec elle-même.